Montée des eaux, sécheresses, incendies : les impacts du réchauffement
mardi 11 février 2020L'Agence Européenne de l'Environnement a publié ce 10 février des prévisions alarmantes concernant l'impact du réchauffement climatique en Europe. Montée des eaux, sécheresses, feux de forêt... les conséquences s'annoncent importantes.
Vers des sécheresses fortes et récurrentes
Alors que la saison estivale 2019 a été marquée par une sécheresse importante qui a concerné la quasi-totalité des régions françaises, tout laisse à penser que les épisodes de temps anormalement sec vont devenir de plus en plus fréquents à l'avenir.
Évolution de la fréquence des sécheresses selon un scénario d'émissions de CO2 modérées (à gauche) ou importantes (à droite) - European Environment Agency
Les projections d'ici la fin du siècle s'attendent à une nette augmentation des épisodes de sécheresse importante en France. Même selon le scénario modéré, nous devrions avoir un épisode de sécheresse supplémentaire par an du sud-ouest au Centre, jusqu'à 2 épisodes supplémentaires au sud-ouest selon le scénario pessimiste.
Évolution du rendement des terres agricoles d'ici la fin du siècle si aucune adaptation à l'évolution du climat n'est faite - European Environment Agency
Le changement climatique risque d'avoir un impact notable sur le rendement des cultures. Dans la plupart des régions françaises, ces derniers pourraient baisser de près de -10% d'ici la fin du siècle si aucune politique d'adaptation n'est mise en place.
Plus d'épisodes de fortes pluies en hiver
Les épisodes de fortes pluies risquent de devenir plus fréquents au cours de la saison hivernale avec des conséquences parfois marquées dans un contexte d'urbanisation de plus en plus importante.
Évolution de la fréquence des épisodes de fortes pluies en hiver (à gauche) et en été (à droite) - European Environment Agency
Selon les projections climatiques, les épisodes de fortes pluies devraient se montrer de plus en plus fréquents à la saison hivernale. D'ici la fin du siècle, leur fréquence devrait augmenter de 15 à 25% sur près des deux tiers du territoire français. Seul les départements pyrénéens pourraient échapper à cette tendance.
Avec des températures plus douces en hiver, l'apport en humidité venant des mers & océans serait plus important, contribuant à alimenter les perturbations. Cette tendance serait moins prononcée à la saison estivale, notamment au sud où les épisodes de fortes précipitations devraient se faire plus rares d'ici la fin du siècle. Les contrastes entre les saisons humides & sèches pourraient donc s'accroître.
Des feux de forêt plus nombreux et plus étendus
Conséquence directe de l'augmentation des températures et des sécheresses plus fréquentes, les feux de forêt devraient se montrer de plus en plus nombreux et toucher davantage de régions.
Évolution de la fréquence des sécheresses selon un scénario d'émissions de CO2 modérées (à gauche) ou importantes (à droite) - European Environment Agency
Selon les projections de l'Agence Européenne de l'Environnement, la fréquence des feux de forêt devrait augmenter sur l'ensemble de la France, quel que soit le scénario. Si nous maintenons des émissions modérées de CO2, celle-ci devrait augmenter de moins de 5 à 10% sur le nord de la France et de 10 à 20% dans le sud et sur la façade atlantique.
Selon le scénario prenant en compte la poursuite d'importantes émissions de CO2, l'augmentation de la fréquence des feux de forêt en France pourrait être particulièrement importante, de l'ordre de 30 à 40% dans le nord du pays et souvent plus de 40% sur les deux tiers sud, y compris en Bretagne.
À l'avenir, des régions jusqu'alors assez peu touchées par les incendies (comme le nord de la France ou la Bretagne) pourraient être régulièrement concernées.
Une augmentation notable du niveau de la mer
Avec la hausse des températures sur le globe, la fonte des glaces devrait accélérer l'augmentation du niveau des mers et des océans d'ici la fin du siècle, ce qui pourrait menacer plusieurs régions côtières en France.
Évolution du niveau de la mer selon un scénario d'émissions de CO2 modérées (à gauche) ou importantes (à droite) - European Environment Agency
D'ici la fin du siècle, les projections s'attendent à une augmentation du niveau de mer sur les littoraux français, de 20 à 40 cm pour le scénario moyen mais de 60 cm à 1 mètre pour le scénario pessimiste. Cette augmentation ne sera pas sans conséquences.
Carte des zones pouvant être submergées en cas d'augmentation du niveau de la mer allant de 1 à 6 mètres (du bleu clair au bleu foncé) en Manche - European Environment Agency
Carte des zones pouvant être submergées en cas d'augmentation du niveau de la mer allant de 1 à 6 mètres (du bleu clair au bleu foncé) près de l'Atlantique - European Environment Agency
Carte des zones pouvant être submergées en cas d'augmentation du niveau de la mer allant de 1 à 6 mètres (du bleu clair au bleu foncé) en Méditerranée - European Environment Agency
Plusieurs régions françaises risquent d'être touchées par l'augmentation du niveau de la mer. Dans le nord du pays, la plaine de Dunkerque est la plus menacée car située à moins d'un mètre du niveau de la mer. Toute la frange littorale belge et celle des Pays-Bas sont également sous la menace.
Près de l'océan, l'estuaire de la Loire et le nord-ouest de la Vendée sont les plus menacés par la montée des eaux, au même titre que certains secteurs côtiers de Charente-Maritime et de l'estuaire de la Gironde.
En Méditerranée, la plus forte menace concerne la Camargue, située à moins d'un mètre du niveau de la mer. Certaines zones littorales du golfe du Lion pourraient également être grignottées par la mer.
Alors que l'ensemble du continent européen vit un hiver remarquablement doux, ce rapport a de quoi interpeller...