PRÉVISIONS MÉTÉO : l'hiver sera t-il rude ?
mercredi 14 novembre 2012Les hivers se suivent ... et ne se ressemblent pas... Aux décennies 50-80 marquées par une succession d'hivers rigoureux, ont succédé les décennies 90 et 2000 aux hivers doux. Depuis 2008, on assiste néanmoins à une recrudescence de vagues de froid répétées sur l'Europe, jusqu'en France. Dans un contexte de réchauffement climatique global, cette augmentation du nombre d'hivers plus froids relève-t-elle d'une anomalie passagère, ou bien marque t-elle l'amorce d'un changement climatique ?... Ou tout simplement, tout cela ne ferait-il pas partie de la variabilité inter-annuelle du climat ?... Et cet hiver 2012-2013, que nous réserve t-il ?...
Hiver 88 - 89 douceur et sécehersse exceptionnelles
Janvier 1987 : 20 cm dans neige et -10°C à Paris
Janvier 1985 : la promenade des Anglais sous la neige
Début janvier 1999 : une douceur quasi printanière en France
On peut en tout cas remarquer plusieurs choses :
- L'année 2012 se caractérise jusqu'à maintenant par des températures légèrement supérieures aux moyennes de saison malgré un mois de février très froid.
- Et depuis ce début d'automne, ce sont les pluies et la douceur qui l'emportent. Au milieu de cette douceur ambiante, le coup de froid de la fin octobre 2012 arrive de manière très brutale avec de fortes chutes de neige en Rhône-Alpes et une tempête en Méditerranée assez exceptionnelle. Ce coup de froid précoce mais éphémère préfigure t-il autant d'un hiver rigoureux ? En général, c'est plutôt le contraire. Les coups de froid précoces ne précédent généralement pas une vague de froid intense et de longue durée. Les coups de froid de fin octobre et novembre 1919, fin octobre 1922, 1926, 1933, 1948, 1964, 1981 ont même été suivis d'hivers assez anodins. La méthode des statistiques climatiques pour en déduire ce que sera l'hiver n'est donc pas satisfaisante.
Retrospective des chutes de neige précoces : CLIQUEZ ICI >>
Si la méthode des statistiques n'est pas satisfaisante, 2 éléments peuvent éventuellement nous éclairer sur la tendance hivernale à venir :
- l'oscillation nord-atlantique (NAO) et
- le phénomène El Nino
Pour résumer, l'oscillation nord-atlantique (NAO) détermine la différence de pression atmosphérique entre Lisbonne (Portugal) et Reykjavik (Islande).
Un indice NAO très positif est lié à un anticyclone des Açores très développé. Les hivers sont alors généralement doux mais pluvieux sur l'Europe du Nord alors que la sécheresse s'impose en Méditerranée. Par contre, si l'indice est très négatif, les hivers sont particulièrement froids et secs sur l'Europe du Nord et fortement pluvieux sur bassin méditerranéen.
En cette mi-novembre, cet indice est positif, mais redescend pour la fin du mois...
Quant au phénomène El Nino, qui se caractérise par une température de l'eau supérieure à la moyenne dans l'océan Pacifique, son incidence sur le climat européen n'est pas clairement établie, même s'il semble que son apparition tempère les hivers de l'Europe du Nord, limitant l'apparition de vagues de froid.
Anomalie de températures actuelle du Pacifique
En cette mi-novembre, le déclenchement d'El Nino peut limiter le risque d'apparitions d'hivers rigoureux sur le nord de l'Europe, avec une corrélation néanmoins assez limitée.
Enfin, les modèles météo à long terme (simulation des anomalies de températures sur l'Europe) sont l'outil actuellement privilégié par les météorologistes pour prévoir la tendance des prochains mois. Le modèle IRI (carte ci-dessous) prévoit en moyenne des températures légèrement au-dessus des normales (en rose ou rouge clair) sur l'Europe pour la période décembre-janvier-février. Ceci n'est qu'une moyenne, ce qui rend impossible la prévision d'évènement de courte durée comme des vagues de froid d'une ou deux semaines.
Modèle météo IRI - anomalies prévues des températures entre décembre 2012 et février 2013
D'autre paramètres peuvent renforcer cette tendance, telle la reprise de l'activité solaire depuis le printemps dernier. Durant un maximum solaire, l'activité du soleil et les effets de la météorologie sur la Terre sont élevés... Cela peut se traduire par des hivers assez doux...
Conclusion : à la lumière de cette rétrospective des 5 derniers hivers où un El Nino de faible activité, une NAO souvent négative et un minimum d'activité solaire ont pu expliquer le renforcement des hivers froid sur l'Euope du Nord, l'hiver qui nous attend pourrait se montrer assez classique, sans exclure la possibilité d'une vague de froid de courte durée, au milieu d'un hiver relativement doux...