Vers le début d'une période La Niña
samedi 16 septembre 2017L'observation de la température de la mer au niveau de la portion équatoriale de l'océan Pacifique est particulièrement importante pour évaluer les potentielles perturbations climatiques à venir à moyen terme (de l'ordre de quelques mois). La fluctuation de la température de la mer dans cette zone joue d'une influence importante sur l'atmosphère en affectant le régime des vents et des précipitations. Cette relation océan/atmosphère se dématéralise alors sur les fameux phénomènes dits de "El Niño" et de "La Niña".
L’Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) vient d'établir une prévision probabiliste pour ces prochains mois. Après une période passée plutôt neutre, la probabilité d'entrer au sein d'un épisode La Niña devient importante (>>). Un phénomène dit « La Niña » est caractérisé par une anomalie négative de l’eau en surface dans cette zone équatoriale du Pacifique (l'anomalie devant être au minimum de -0,5 °C) . Les températures de surface de l'océan Pacifique sont justement en baisse ces derniers temps au niveau des tropiques et atteignent aujourd'hui des niveaux en dessous de la normale (autour de -0.4 à -0.5°C).
Anomalie de température de la mer en surface - zone du Pacifique équatorial - 6 septembre 2017
Evolution de l'anomalie de température de la mer en surface - zone du Pacifique équatorial - période séptembre 2016 à septembre 2017
Nous devrions donc entrer au cours des prochaines semaines en période de La Niña. Une prévision largement confirmée par le système de prévision climatique du centre national pour la prévision environnementale (NCEP) ainsi que par l'ensemble multi-modèles nord-américain (NMME) qui indiquent la formation de La Niña dès cet automne 2017 (anomalie de température chutant sous les -0.5°C). La probabilité d'observer ce phénomène atteint les 62% sur la période novembre-décembre-janvier à venir (>>).
Prévision de l'anomalie de température de la mer en surface jusqu'en avril 2018 - zone du Pacifique équatorial
Lors d'un épisode de La Niña, les courants marins sont modifiés et la donne climatique mondiale est de nouveau bouleversée. En prévision de ce phénomène, et pour l'hiver à venir, le temps devrait être plus chaud et sec dans le sud des États-Unis (tandis que les températures seront sous les normales en Alaska et dans l’ouest du Canada). Un déficit de précipitations et de l'air plus frais qui devrait aussi être le cas en Afrique Centrale et Orientale, sur les îles intertropicales du Pacifique, ou bien encore en Amérique du Sud.
Les zones situées dans la partie sud de l'Afrique, l'Amérique Centrale, la moitié Nord de l'Amérique du Sud (Brésil, Colombie, Vénézuela), l'Asie du Sud (Chine, Inde, Indonésie) ou encore le nord de l'Australie pourraient eux vivre une période avec des précipitations supérieures à la normale.
On observe généralement une recrudescence des typhons dans l'océan Pacifique Ouest (et des ouragans plus nombreux dans l'océan Atlantique au cours de l'automne qui suit).
Effets climatiques lors d'un phénomène La Niña entre décembre et février
Les conséquences d'un épisode de La Niña sont généralement opposés de ceux d'El Niño (anomalie de température du pacifique équatorial positive), mais surtout bien moins importants. Pour exemple, le dernier épisode majeur d' El Niño a eu lieu entre 2015 et 2016, où ces eaux ont pu parfois passer 3°C au dessus de la normale en surface, soit un niveau exceptionnel. Les conséquences avaient alors été parfois catastrophiques sur certaines régions du globe (>>).